Métamorphose

Métamorphose © Maria-Luise Bodirsky

Il suffit d’une note
pour tout faire chavirer.
En un instant je fus bouleversée.
Une vague née dans les profondeurs de mon âme
a submergé le passé.
L’instant d’avant
je n’existais pas
mais à force de sonder mon cerveau
j’y ai découvert ce que je cherchais
mon reflet.
Mes cheveux ont retrouvé leur éclat fauve
mon visage s’est adouci après des mois d’hiver.
J’ai retrouvé mon azur
celui où je m’égare sans cesse.
Changement profond sans modification de forme
la métamorphose
Le têtard devient grenouille
comme ses ancêtres.
Le futur se nourrit du passé.
Mon avenir a la couleur changeante de mes humeurs.
Le diamant remplace le chardon
puis se couvre de cendres.
Lentement se déposent les dernières parcelles de mon énergie
au gré de la musique se décompose mon bien-être.
Je ne suis rien d’autre
qu’un souffle vibrant au moindre bruit.
J’ai l’inconsistance d’une plume
on me frôle et je m’enfuis.
Je voudrais exister entre les mots
me glisser au creux du sentiment
me blottir dans les bras de la folie
laisser s’échapper ma raison
de mes veines endolories de sommeil.
Le rêve continue de vivre
loin de ces rivages meurtris
que les hommes ont créés.

Poème écrit entre 1976 et 1982

6 réflexions sur “Métamorphose

    • Merci beaucoup. Il fait partie de nombreux autres écrits de jeunesse. J’ai entrepris la recherche de tous ces textes manuscrits pour la plupart. C’est un travail de fourmi…

  1. Deux vers heurtent ma sensibilité. Je n’aime pas évoquer la folie mais je peux me souvenir des pires instants vécus et comprendre. Ce texte est très évocateur et il est beau.

    • Merci beaucoup pour ce commentaire. Très jeune, j’ai été confrontée à un événement traumatisant qui a laissé des traces profondes que j’ai mis longtemps à comprendre. Et puis à l’époque de ce texte, je lisais des ouvrages sur la psychologie, la folie, notamment un livre de David Cooper Psychiatrie et anti psychiatrie. Je cherchais des réponses à mes questions existentielles.

Laisser un commentaire