L’île des Bienheureux (21)

Intrigué par cette réponse énigmatique, Tim n’insista pas. Comme pour son arrivée dans l’île des Bienheureux, il fut entraîné par les petits hommes verts au travers de couloirs dont il ne voyait que le plafond. Bientôt ils arrivèrent au pied d’un escalier en colimaçon dont ils commencèrent à monter les marches au rythme de leurs grelots. Les collecteurs progressaient à bonne allure ; pourtant ils ne semblaient jamais pouvoir atteindre le sommet. Tim considérait avec incrédulité la spirale interminable qui serpentait au-dessus de leurs têtes.

– C’est encore loin ? demanda-t-il enfin.
– Ah ! ça, tu peux le dire, lui répondit un des nains tout essoufflé par l’ascension. C’est le grand escalier…
– Mais où mène-t-il ?
– Tu le verras bien ! Ne nous oblige pas à parler, sinon ce sera encore plus long !

Une nouvelle fois, les collecteurs étaient mystérieux dans leurs réponses. Il ne fallait pas chercher à savoir…

Après un temps qui lui sembla interminable, Tim vit enfin le sommet de l’escalier. Ils débouchèrent dans une vaste salle où les nains le posèrent à terre. Devant eux, la pièce vide se terminait par une baie vitrée dans laquelle une large ouverture laissait voir le ciel limpide. Les collecteurs le poussèrent en avant et Tim comprit en un instant ce qui allait lui arriver : un immense toboggan partait du sol pour déboucher dans la mer. Tim voulut s’échapper, mais les nains s’emparèrent de lui et l’assirent au bord de la glissière. Il s’agrippa à la paroi en criant :

– Eh ! Vous n’allez tout de même pas m’expédier par ce machin !
– Allons, un peu de courage mon garçon, c’est le seul moyen de rentrer chez toi ! Et maintenant, au revoir ! Bon retour…

Avant qu’il n’ait pu réagir, les collecteurs l’avaient poussé en avant. La descente fut vertigineuse ! Tim avait pourtant de bons souvenirs des toboggans de sa petite enfance, mais là c’était vraiment tout autre chose… Ce n’est qu’en arrivant à proximité de la surface scintillante qu’il se rendit compte d’une anomalie : la mer semblait curieusement immobile. Cette étrange impression se trouva bientôt confirmée. Au terme de sa descente, il entra en contact avec une plaque de verre qui vola en éclats tandis qu’il s’enfonçait… Puis ce fut le néant, l’engloutissement, la perte de conscience…

À suivre…