Noëlle et moi, nous participions régulièrement – elle plus que moi ! – à un atelier d’écriture organisé par la bibliothèque d’Auch. Elle devait être avec nous le vendredi 5 juin. Elle est partie avant… Pour la faire vivre, nous avons eu à composer un texte à partir de ses mots à elle. Voici les consignes données par Florence Ludi au début de l’atelier :
“Le faisceau des vivants
Dans la tradition juive, l’enfer et le paradis n’existent pas. Seul, le faisceau des vivants assure la vie éternelle : tant que des vivants pensent encore à un mort, il ne l’est pas tout à fait.
Dans l’atelier d’aujourd’hui, nous allons tisser dans les nôtres des fragments de textes écrits par Noëlle Almecija, pour la porter encore un peu avec nous par l’écriture.
Je vous propose, pour incipit ou excipit, comme vous préférez, la phrase suivante, tirée elle aussi d’un de ses textes :
J’ai dit oui, tout de suite
Le thème de cet atelier, ce n’est pas Noëlle, c’est le faisceau des vivants : brodez librement sur ce sujet, laissez vagabonder votre imagination, vos souvenirs, vos désirs !
Et comme toujours, sentez-vous libres d’accommoder, d’interpréter, de détourner ou d’ignorer les consignes selon ce qui vous convient le mieux pour écrire.”
Voici donc les mots de Noëlle (en gras) et les miens mêlés pour un moment plein d’émotion…
J’ai dit oui, tout de suite.
Il ne fallait pas laisser s’échapper
ces précieux instants de vie
ces mots tendres
comme le printemps
comme les premières feuilles
gorgées de lumière et de douceur
J’ai dit oui, tout de suite.
Dans ses yeux
il y avait les bouts de ciel que seuls les poètes savent raconter
les étoiles croches de la nuit qui guident les pas égarés
les bateaux volants des légendes enfantines
les visages connus et inconnus que l’on dévisage et envisage à l’infini
J’ai dit oui, tout de suite.
Dans son cahier de recettes improbables
j’ai trouvé un mélange de verdeur et de verdure qui dure
des recettes à l’amble
pour faire papilloter et papillonner nos papilles
j’ai trouvé des mots
à mêler
emmêler
démêler
recomposer
pour titiller
petit à petit
notre petit appétit
d’écrits
et de cris
J’ai dit oui, tout de suite.
Pour réconforter ces vieilles petites filles
aux yeux de faïence bleue
qui dansent
pensent
et festoient
rejetant bien loin
les tricoteuses
faiseuses d’anges nus
J’ai dit oui, tout de suite.
Pour ce tango rasoir
affuté comme la vie
tu disais en dansant
je divan
tu dis vagues
en bas de soie et talons rouges
elle glisse sur la piste
collée contre son homme
ça déménage
et on ne se ménage pas
dans ce tango
qui colle à la peau
je dis vent
tu dis vagues
J’ai dit oui, tout de suite.
À ces fleurs échappées de tes lèvres
à ces mots qui glissent
comme la glycine
sur un mur blanc
à ces glissements imperceptibles de la voix qui égrène
le sens des mots
l’essence des fleurs
les perles de la pensée
tombées de la bouche de la poétesse
J’ai dit oui, tout de suite.
Aux méandres de ton âme singulière
aux antres secrets de ton esprit fécond
aux madrépores qui gisent
au fond de nos mers intimes
J’ai dit oui, tout de suite.
Vous pouvez retrouver les textes de Noëlle dans ce Calaméo que j’ai réalisé pour elle et pour tous ceux qui la connaissaient et l’appréciaient.
C’est très beau. Merci pour ce moment d’émotion. Ce faisceau des vivants est une bien belle idée d’écriture. Les mots de Noëlle se mêlent aux tiens avec beaucoup de douceur. 🌸
Il n’en fallait pas moins pour lui rendre hommage… Merci pour votre visite.
Je suis allée lire ses textes sur le document. Elle avait une très belle plume. Sincères condoléances.
C’est un magnifique hommage ! On devine en filigrane, la tendresse affutée de rires complices. Une émotion à la fois vive et profonde. La complicité des mots échangés…
Nous partagions l’amour des mots et je suis heureuse de pouvoir mettre en lumière son talent. Merci beaucoup pour votre commentaire.
Merci à vous pour ce partage.
un hommage bien doux……qui fait chaud au cœur
😊
Sincères condoléances et merci pour cet émouvant partages
Merci à vous.
Bel hommage !
Il ne fallait pas moins…