Il est vrai que l’écriture précise et foisonnante d’Émile Zola peut parfois rebuter un lecteur d’aujourd’hui. Mais en se plongeant dans la série des Rougon-Macquart, on découvre l’ampleur de l’oeuvre de Zola, un étonnant panorama humain, historique et social dont les personnages semblent à tout moment surgir des pages et s’animer devant nous… De grands moments !
“Les deux enfants étaient restés machinalement, sans rien comprendre. À mesure que le bataillon diminuait, Miette élevait le drapeau davantage ; elle le tenait, comme un grand cierge, devant elle, les poings fermés. Il était criblé de balles. Quand Silvère n’eut plus de cartouches dans les poches, il cessa de tirer, il regarda sa carabine d’un air stupide. Ce fut alors qu’une ombre lui passa sur la face, comme si un oiseau colossal eût effleuré son front d’un battement d’aile. Et, levant les yeux, il vit le drapeau qui tombait des mains de Miette. L’enfant, les deux poings serrés sur sa poitrine, la tête renversée, avec une expression atroce de souffrance, tournait lentement sur elle-même. Elle ne poussa pas un cri ; elle s’affaissa en arrière, sur la nappe rouge du drapeau.”
Extrait de La fortune des Rougon (1871)
Ce qui rebute je pense c’est l’étude qu’on nous en a fait faire au lycée.. il faut passer outre bellesoirée
Tout ce que l’on a appris à l’école demande une nouvelle approche à l’âge adulte. Alors vient le pur plaisir de la lecture. Belle soirée à vous aussi.