Il est passionnant de chercher dans les noms des plantes, des fleurs, des fruits ou des animaux la petite histoire qui rend le nom latin moins hermétique et permet sa mémorisation par l’anecdote. Ainsi la quête du détail améliore l’apprentissage…
La « Granadilla » ou grenadille dont vous pouvez voir ici la gravure – telle qu’elle figure dans le Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre d’Henri Louis Duhamel du Monceau – est plus connue sous le nom de fleur de la passion ou encore passiflore. Mais la passion dont il question ici n’est pas du tout la passion amoureuse qui peut enflammer l’un ou l’autre d’entre nous. Non, il s’agit de la Passion du Christ et de la douloureuse histoire de la conquête espagnole en Amérique du Sud. En voyant la magnifique fleur de grenadille, les premiers missionnaires attribuèrent à chacune des pièces florales une symbolique en rapport avec leurs idées religieuses.
Ainsi la « Granadilla » devint la « flos de passionis » : cinq sépales et cinq pétales pour dix apôtres – et pourquoi pas les douze ? ; cinq étamines pour les plaies du Christ ; trois styles pour les clous de la crucifixion ; des filaments représentant la couronne d’épines et les vrilles symbolisant les fouets de la flagellation. Le nom de fleur de la passion resta ainsi dans la petite mythologie botanique pour désigner une fleur magnifique aux fruits sucrés dont une espèce bleue – Passiflora caerulea – orne murs et treilles de nos contrées.
Merci à la bibliothèque d’Auch pour les photos de ses fonds patrimoniaux.